Loin des bombes qui ravagent le Viêtnam, un groupe d’artistes et de libres penseurs s’est retiré dans la douceur d'une île au large de l’Espagne. Pendant que les paysans alentours cultivent leurs champs et soignent leurs bêtes, la petite communauté hippie peint, joue du sitar, marche nue dans les vagues. Yvan Butler capture leur idylle, sans pouvoir oublier les explosions, les pleurs, les peaux meurtries et brûlées, les morts qu’il a filmés et qui lui « collent à l’âme ». Le temps d’une lettre, il raconte son abattement, son chagrin ; son espoir aussi. Une des réalisations les plus personnelles et poignantes d’Yvan Butler, où le journaliste s’interroge sur le sens de son métier et où se mêle à la sérénité de Formentera l’horreur indicible de la guerre du Vietnam.
Justine Roh